La naturopathie est-elle une « médecine douce » ? Quelles sont les différences d’approche entre la naturopathie, l’allopathie et l’homéopathie ? En quoi sont-elles complémentaires ?
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L’allopathie
L’allopathie est la médecine officielle, réservée aux médecins diplômés.
C’est avant tout une médecine d’urgence : il s’agit de réagir rapidement face à une maladie qui s’est développée et qui menace l’organisme : infection bactérienne, pathologie psychiatrique, lésion sur un organe, cancer, réaction allergique, etc.
Le terme grec "allos" signifie "contraire". Face à ces symptômes ou ces syndromes, le médecin va les traiter par une action contraire : anti inflammatoires, anti douleurs, anti spasmodiques, etc.
En s’appuyant sur les symptômes, les analyses biochimiques et les examens médicaux, le médecin établit un diagnostic, qui est souvent complexe, d’autant que de nouvelles maladies apparaissent chaque année. Pour gérer cette complexité, l’allopathie s’est attachée à subdiviser le corps humain selon ses différentes fonctions et organes, ce qui a donné lieu aux médecins spécialistes : allergologues, gynécologues, neurologues, gastro-entérologues, etc… chacun connaissant bien leur partie, le petit morceau de corps infecté, mais souvent au détriment de l’approche globale de l’être humain, qui s’avère être plus que la somme des parties.
L’allopathie est une médecine anti symptomatique : le traitement a pour but la suppression des symptômes ou syndromes.
Une fois le diagnostic établi, le médecin prescrit un traitement, essentiellement axé sur la pharmacopée, la chirurgie, la radiothérapie et autres spécialités. A chaque maladie correspond des médicaments, des molécules chimiques de synthèse, des vaccinations …
L’hygiène de vie, à commencer par l’alimentation, et le contexte général du patient (vie affective, professionnelle, socio-culturelle) sont peu ou pas considérés.
Louis Pasteur, chimiste français, fit prendre à la médecine un virage décisif au 19ème siècle, avec ses expériences qui débouchèrent sur la bactériologie et le principe de la vaccination.
Les médicaments de synthèse sont en général mal éliminés par le corps et peuvent entrainer des effets secondaires plus ou moins importants, et des effets iatrogènes (qui provoquent d’autres symptômes ou des maladies parfois graves). C’est surtout le cas quand la prise de médicaments se prolonge ou que le nombre de médicaments combinés se multiplie : à partir de 3 médicaments de synthèse pris simultanément, nul ne peut prédire les réactions possibles chez un patient.
Le malade est peu responsabilisé : sa participation au processus de guérison se limite souvent à se procurer et à prendre les médicaments prescrits.
L’homéopathie et les autres médecines douces
Les médecines douces incluent l’homéopathie mais aussi la phytothérapie (plantes), l’aromathérapie (huiles essentielles), l’acupuncture, l’auriculothérapie (points réflexe de l’oreille), etc…
Ce sont des médecines de fond qui s’adressent à des malades de degré moyen et non dans une situation d’urgence. Mais tout comme l’allopathie elles sont réservées aux médecins diplômés d’Etat.
Comme en allopathie, l’objectif est toujours la disparition du symptôme. Il s’agit donc aussi d’une approche anti symptomatique, mais généralement sans effets iatrogènes.
Une différence avec l’allopathie est que le temps d’écoute du patient est plus long, la consultation plus interactive. Ainsi le diagnostic est affiné en fonction du contexte de vie.
La notion de terrain du patient est prise en compte, en particulier chez les homéopathes et les acupuncteurs. Ainsi le traitement sera davantage individualisé qu’en allopathie.
Les personnes qui vont consulter des homéopathes ou d’autres praticiens de médecine douce sont en recherche de traitements utilisant des principes actifs d’origine naturelle, dans l’objectif de subir moins d’effets secondaires. En général ils ne se sentent « pas assez malades » pour consulter un médecin allopathique, mais n’ont pas les moyens ou le désir de modifier leur hygiène de vie en consultant un naturopathe ou un autre praticien de médecine traditionnelle.
Comme en allopathie, le malade est peu impliqué dans sa guérison, et s’en remet essentiellement à la responsabilité du médecin, qui le « prend en charge » en lui remettant une ordonnance à suivre.
La naturopathie et les médecines traditionnelles
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) reconnait 3 médecines traditionnelles :
- la naturopathie (ou médecine traditionnelle occidentale)
- la Médecine Traditionnelle Chinoise
- l’Ayurveda (Médecine Traditionnelle Indienne).
La grande majorité des naturopathes ne sont pas médecins, mais ont suivi un cursus d’études de 3 à 4 ans. Il n’existe pas de diplôme d’état, mais les écoles sérieuses sont regroupées au sein de la FENAHMAN (Fédération Française des Ecoles de Naturopathie) et agréées OMNES, qui certifient que leurs diplômés ont étudié l’anatomie, la physiologie, les remèdes naturels, les cures, les techniques manuelles etc. à un degré nécessaire et suffisant au bon exercice de leur pratique.
La naturopathie est une approche globale de terrain : le consultant est interrogé sur ses antécédents personnels et familiaux, ses habitudes de vie et notamment alimentaires, sur le fonctionnement de l’ensemble de ses systèmes et pas uniquement sur les symptômes qui ont pu constituer le motif principal de la consultation.
Une large part de la consultation est consacrée au dialogue avec le consultant (l’anamnèse), qui est complété par une série d’observations (iridologie, morphopsychologie, pouls, etc…)
Le naturopathe n’établit pas de diagnostic (réservé aux médecins), mais on établit un bilan de vitalité qui lui permet de choisir le type de cure à proposer à son consultant (drainage, détoxification, revitalisation…) et les grandes orientations de son accompagnement.
En cas de consultation à l’occasion d’une pathologie, un diagnostic établi par un docteur en médecine reste nécessaire
La philosophie de naturopathie n’est pas de de lutter contre la maladie, mais de renforcer la santé. L’objectif n’est pas la disparition du symptôme, mais la recherche de la cause première à l’origine du symptôme, afin de restaurer en profondeur l’énergie vitale et les forces d’auto-guérison (ou auto-régénération) de l’organisme.
L’individu est considéré dans sa globalité : physique, énergétique, émotionnel, mental, âme, esprit. Le naturopathe recherchera à rétablir la santé sur tous les plans, dans une vision holistique.
Le naturopathe ne fait pas de prescription, mais propose à son consultant un protocole visant à améliorer son hygiène de vie à différents niveaux : alimentation, exercices physique et respiratoire, gestion du stress et harmonisation des émotions, paix du mental etc.
Le protocole a aussi un but pédagogique : le naturopathe est un éducateur de santé : il s’agit d’expliquer au malade pourquoi il en est là (sans aucunement le culpabiliser) et de lui fournir les conseils naturels pour l’amener à prendre en charge sa propre santé et à être le véritable acteur de sa guérison, dès lors perçue comme une auto-guérison.
La prévention de la maladie est considérée comme supérieure à l’intervention, qui reste nécessaire quand la maladie est déjà manifestée.
La naturopathie s’adresse à des personnes plutôt en bonne santé et désireuses de conserver ce capital santé sur le long terme en instaurant une bonne hygiène de vie, ou à des patients déstabilisés par des troubles fonctionnels chroniques (diagnostiqués préalablement par un médecin) et désireux de revenir à l’équilibre santé par des moyens naturels non iatrogènes.
Le triangle médical : complémentarité des approches naturopathique, homéopathique et allopathique
Malgré leurs points de vue parfois assez différents, il existe un riche potentiel de complémentarité entre l’allopathie, les médecines douces et la naturopathie, chaque approche ayant ses avantages et ses inconvénients.
L’idéal serait d’élaborer un partenariat entre ces trois démarches dans le respect mutuel, en combinant les approches pasteurienne (allopathie), hahnemannienne (homéopathie) et hippocratique (naturopathie), dans l’intérêt du patient. Ainsi les méthodes de soins pourraient être adaptées plus judicieusement en fonction de chaque individu et de chaque pathologie.
Cette complémentarité des approches de santé existe déjà en Allemagne (Heilpraktikers), en Angleterre (Heath Care Practitioners Naturopaths), en Suisse, au Portugal, en Suède, en Norvège etc…
Une fois n’est pas coutume, la France est à la traine dans cette reconnaissance de la naturopathie comme partie intégrante du « triangle médical », mais des signes encourageants de changement de mentalité commencent à se multiplier au sein du milieu médical.